Conditions nécessaires à la réussite de l'allaitement

Publié le par Naître Et Grandir Ensemble

Toute mère est capable d'allaiter. La réussite de la lactation dépend essentiellement de deux facteurs : la qualité de la succion effectuée par la bouche du bébé sur l'aréole du sein, et le climat émotionnel dans lequel la mère vit ce moment de stimulation. Le sein, lui, pour sa part, est toujours prêt et fonctionne toujours. Dans les sociétés traditionnelles, même les femmes qui vivent dans des conditions d'hygiène défectueuses, qui sont mal nourries et souvent malades, qui accomplissent des tâches physiques exténuantes et chez qui on note le plus grand nombre d'enfants ayant un petit poids à la naissance, ont presque toujours du lait. Ainsi lors d'un travail collectif de l'OMS sur l'allaitement au sein, on a trouvé que sur un total de 3 898 mères Nigériennes et Zaïroises, aucune n'était incapable de sécréter du lait.
L'insuffisance de la lactation semble être un phénomène réservé aux pays industrialisés et aux groupes sociaux économiques favorisés des zones urbaines des pays en développement. Il existe un petit nombre de causes purement physiologiques, mais elles représentent seulement 1 à 5 % des cas présentés. Le volume des seins, quant à lui, est uniquement lié à la quantité de tissu graisseux et ne laisse en rien présager de la capacité à avoir du lait. En effet, la glande mammaire est une glande exocrine, sans réserve ni citerne, obéissant à la loi de l'offre et de la demande : plus bébé tète, plus il y aura de lait, moins bébé tète, moins il y aura de lait. Il n'y a pas de seins qui fabriquent peu ou pas de lait, il n'y a que des allaitements mal démarrés et/ou mal conduits, par méconnaissance des phénomènes de la lactation qui demandent le respect d'un certain nombre de conditions permettant la réussite de l'allaitement à son démarrage.

Première de ces conditions : l'existence d'une motivation maternelle réelle. La décision d'allaiter ou non doit rester le libre choix d'une mère et d'un père qui se sont informés sur les avantages de l'allaitement maternel et sa pratique concrète durant la grossesse, qui ont mûrement réfléchi ensemble et ont fortement désiré cette relation.

Deuxième condition : la précocité de la première mise au sein qui doit avoir lieu au mieux dans l'heure qui suit la naissance et au pire dans les 24 heures (mais plus on laisse passer de temps, plus le démarrage de la lactation sera difficile). En effet, à la naissance, le nouveau-né se trouve dans un état d'éveil d'une intensité très importante, qu'il ne retrouvera que plusieurs jours après. Par ailleurs, bébé possède à la naissance un réflexe de fouissement qui lui permet de gagner le giron maternel lorsqu'il est déposé sur le ventre de sa mère. Il s'installe alors spontanément contre le sein et commence à téter sans difficultés les premières gorgées de colostrum qui sont un véritable vaccin prévu par la nature pour votre bébé.

Troisième condition : donner des tétées fréquentes, " à la demande de l'enfant " qui fixe lui-même naturellement le rythme des tétées selon ses propres besoins. Cela suppose que mère et enfant ne soient pas séparés, et que la mère ait la possibilité, même la nuit, d'avoir son enfant à côté d'elle. Le corollaire de cet allaitement à la demande est le nombre élevé des tétées quotidiennes : un nouveau-né de quelques jours peut sembler téter presque continuellement, ce qui déconcerte beaucoup mais est bien normal puisque son estomac, très petit, ne lui permet d'ingérer que quelques centilitres de lait. Il lui faut donc des tétées très fréquentes : 10 à 12 par 24 heures les premiers jours pour aboutir à 6 à 7 tétées journalières au bout de quelques jours. Il n'est pas du tout extraordinaire que la mère soit amenée à donner le sein moins d'une heure après le début de la tétée précédente, surtout à certaines périodes de croissance intense. Ceci est bien éloigné de l'alimentation au biberon car le système digestif du bébé met 2,5 fois plus de temps à digérer les laits industriels à cause des protéines et graisses contenues dans le lait de vache, qui est la base de la plupart de ces laits, d'où la nécessité d'un intervalle de 2 heures 30 à 3 heures entre deux biberons, intervalle totalement inutile dans le cas de l'allaitement.

Quatrième condition : éviter au maximum l'emploi de biberons de compléments ou d'eau sucrée ainsi que les téterelles, bouts de sein et autres tétines qui d'une part, en réduisant le temps que l'enfant passe au sein ont pour effet de réduire la sécrétion lactée, selon la loi de l'offre et de la demande, et d'autre part, risquent de favoriser une confusion sein-tétine préjudiciable à la poursuite de l'allaitement. En effet, téter n'est pas sucer. Lorsqu'il tète le sein, bébé exerce une succion pleine, sa bouche est grande ouverte, sa langue est par-dessus les gencives et fait un large mouvement d'avancée directe et d'ondulation vers l'arrière lui permettant de stimuler largement les récepteurs sensitifs de la mère situés sous l'aréole, provoquant l'éjection du lait. Lorsqu'il suce la tétine, bébé doit ouvrir les trous, donc appuyer verticalement sur la tétine pour faire s'écouler le lait que bébé doit aspirer, le biberon n'ayant pas de mécanisme d'éjection actif. Pour cela bébé pince la tétine et pour ne pas mordre sa langue, la laisse en retrait en dedans de l'arcade dentaire inférieure, c'est une succion pauvre. Or les bébés sont incapables de téter correctement de deux manières différentes avant quelques semaines. Ainsi, certains bébés ne sauront plus téter après la prise d'un seul biberon, tandis que d'autres y seront moins sensibles et sauront adapter leur manière de téter selon ce qui leur est présenté.

Cinquième condition : une bonne position du bébé au sein. La mère qui allaite doit être confortablement installée, qu'elle soit couchée ou assise, aucune douleur ne devant être ressentie, ni au niveau du dos, ni au niveau des seins. Les crevasses sont le plus souvent dues à une mauvaise position. Pour être en bonne position, bébé doit être complètement tourné vers sa mère, son ventre contre celui de sa mère, son visage face au sein et le menton collé au sein, ce qui dégage naturellement le nez. Bébé doit aussi ouvrir grand la bouche et placer ses lèvres sur le maximum possible de l'aréole et non seulement sur le mamelon, les sinus lactifères dont la pression commande l'éjection du lait étant situés sous l'aréole. Si la mère ressent des douleurs lors de l'allaitement, elle aura tendance à raccourcir, espacer puis supprimer peu à peu les tétées, aboutissant à l'arrêt de sa lactation. Si bébé ne tête pas correctement, il ne recevra pas sa ration de lait, sera insatisfait, pleurera, ce qui aura inévitablement pour conséquence de faire douter sa mère quant à sa capacité à produire du lait en quantité suffisante. Bien souvent, celle-ci, ignorant les mécanismes de la lactation, fera le mauvais choix en recourant aux biberons de complément, au lieu de corriger la position de son bébé.

Une fois surmontées les difficultés des premières semaines, grâce au respect de ces différentes conditions, tout va beaucoup mieux, chaque mère se sent devenir une experte, et prend tout à fait confiance en elle. La sécrétion lactée devient alors un phénomène quasiment mécanique. C'est bébé qui réellement " fabrique " son lait, sa demande rythmée réglant le volume excrété à chaque tétée. Les seins reprennent alors généralement leur volume antérieur à la grossesse et l'enfant et la mère entrent alors dans le " jardin des délices " qui peut durer aussi longtemps qu'ils le souhaitent, permettant la construction d'un lien charnel et sensuel unique entre une mère et son enfant, favorisant ainsi la création du lien psychologique qui les unit.
Car l'allaitement, au-delà de son rôle alimentaire essentiel, est une connexion entre l'esprit et le corps, entre le monde relationnel et affectif d'un côté et le monde physiologique de l'autre, et participe à une intermodalité qui stimule les capacités intellectuelles, sensorimotrices, et affectives du bébé. L'allaitement participe également au développement psychologique de la nouvelle mère en permettant, avec son aspect contraignant, la mise en place de processus mentaux bénéfiques pour la dyade mère-bébé.

Source : http://maternage.free.fr

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