Accocuchement : ce qui a changé en 5 ans

Publié le par Naître Et Grandir Ensemble

Vers la fin du jeûne obligatoire
Nombre de femmes s'en souviennent : avoir soif ou faim pendant un accouchement, c'est vraiment pénible. Or depuis plusieurs mois, les études s'accumulent pour montrer que rester à jeun ne présente pas tellement d'intérêt. Jusqu'à présent, on interdisait aux femmes de boire ou manger pour éviter, en cas d'anesthésie générale, un reflux qui conduirait à l'etouffement. Mais au dernier congrés de la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation, fin septembre, une étude a permis de dévoiler un changement d'attitude sur la question. Dans environ un tiers des cas, les femmes étaient autorisées à boire et à manger. Et les derniers entretiens de Bichat, en septembre également, ont même rappelé que l'accouchement était souvent mieux vécu lorsque les femmes pouvaient boire un simple verre d'eau.

La prise en charge de l'hémorragie
Le Collège national des gynécologues obstétriciens français a lancé le mot d'ordre il y a deux ans : il faut en finir avec les 40 000 hémorragies survenant chaque année aprés l'accouchement. Dans ce domaine, la France est malheureusement une exception en Europe. Les morts maternelles dues à ces hémorragies sont deux fois plus nombreuses qu'ailleurs. Désormais, à chaque fin d'accocuhement, quand le bébé est quasiment sorti, une injection d'ocytociques est devenue systématique pour faciliter le décollement du placenta et réduire ce risque.

La création d'espaces de naissance physiologiques
Pendant plusieurs années, on a attendu l'ouverture de "maisons de naissance" où l'on pourrait accoucher le plus naturellement du monde. Pour l'instant, aucune n'a vu le jour. En revanche, des maternités, notamment dans les hôpitaux universitaires (Strasbourg, Nantes...) ont créé des espaces où l'on peut accoucher sans médicalisation tout en étant à proximité des salles de naissances classiques (avec perfusion, monitoring et péridurale). Quant aux maisons de naissance, le feuilleton continue.

Les positions anti-douleur ont le vent en poupe
Assise sur un ballon, à quattre pattes, soutenue par son conjoint... Les sages-femmes militent depuis longtemps pour la "mobilité posturale" en salle de naissance, affirmant haut et fort que cela contribue au bon déroulement de l'accouchement, mais aussi à la gestion de la douleur.

Les péridurales allégées
Désormais, quand on a une péridurale, on peut garder des sensations. Autrefois, on était entièrement endormie dans tout le bas du corps. C'est le cocktail de médicaments injecté dans l'espace péridural qui a changé : on a diminué la proportion des anesthésiques et on l'a complétée avec des morphiniques. C'est pourquoi on parle d'analgésie et non d'anesthésie. On supprime ainsi la douleur, mais pas les sensations. Certains ajustements sont parfois nécessaires car tout dépend aussi de votre seuil de sensibilité aux médicaments et de votre taille. Le jour de l'accouchement, l'anesthésiste réajuste son mélange en fonction de votre réaction à la première injection.

Episiotomie : fini la systématisation
Il ya moins de deux ans, le Collège des gynécologues obstétriciens a émis des recommandations rappelant que l'épisiotomie ne devait pas être systématique, même pour un premier bébé ou pour un accouchement aux forceps. Cette incision chirurgicale du périnée a pourtant connu son heure de gloire : on considérait qu'elle était la seule prévention contre les déchirures graves du périnée et qu'elle protégeait contre la survenue d'incontinences urinaires. Or toutes les études ont montré qu'il n'en était rien. Heureusement, le message commence à bien passer dans les maternités.

La fin de l'expression abdominale
La technique peut sembler aujourd'hui barbare, pourtant, elle a longtemps perduré dans nos maternités. Le principe : au moment où le bébé va sortir, la sage femme appuie fortement sur le ventre pour "l'aider" dans sa progression. Or on sait que cette attitude est carrémént mauvaise, dixit l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), tout comme d'autres pratiques qui, alors qu'elle sont systématiques (rasage des poils pubiens, sondage urinaire) ne présentent pas de bénéfices démontrés.

La césarienne à la demande
Depuis la loi du 4 mars 2002, dite "loi sur les droits des patients", la notion de choix s'impose de plus en plus. Y compris dans des domaines où on ne l'attendait pas. Ainsi, quand une femme demande une césarienne, les obstétriciens ne refusent pas d'emblée. Ils examinent les raisons qui la poussent dans cette voie. Et, éventuellement, acceptent cette "césarienne de convenance". Pourtant, cette opération à la mode depuis trois ans, pourrait perdre en popularité. Depuis six mois environ, les études sur le sujet ne cessent de mettre en avant les risques qu'elle induit (hémorragies, complications pour les grossesses ultérieures etc...).

Sortie précoce : ça se généralise
Sortir de la maternité à peine deux ou trois jours aprés l'accouchement est un phénomène qui concerne surtout les maternités surchargées. Mais il pourrait se généraliser. Le principe n'est pas forcément mauvais s'il est organisé : d'abord la maman doit être volontaire, car tout le monde n'a pas les mêmes besoins aprés une naissance, et surtout, il doit y avoir une vraie organisation de ces sorties précoces, avec notamment la visite d'une sage-femme pendant plusieurs jours au domicile.

Source : Magazine "Parents" Janvier 2007
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